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Palmarès de la 45e édition


Prix Préludes 2023

Prix Préludes à la numérisation | Prove di Stato de Leonardo di Costanzo

Nous avons choisi de distinguer un documentaire poignant sur une maire en Italie qui essaye de changer les habitudes d’un système corrompu. Le jury a été unanime sur la qualité de ce documentaire, sur la forme comme sur le fond. La justesse de la mise en scène et de la construction de Prove di Stato souligne l’urgence et la difficulté à laquelle font face ceux qui veulent améliorer la société.

Prix Préludes à la restauration Juliette du côté des hommes de Claudine Bories

Nous avons choisi de distinguer un documentaire qui a suscité l’attention du jury pour son traitement et sa volonté de recherche. Il a été perçu comme un point d’étape intéressant qui nous confronte à des paroles d’hommes dans les années 80, soulignant une justesse dans ses témoignages. Un sujet universel d’actualité qu’il est intéressant de mettre en écho avec la société contemporaine.


Prix Route One/DOC 2023

Doté par le CNC à hauteur de 2 000 €.

Andréa Visini, autrice du projet Brille la terre

Nous avons décidé de récompenser un projet de film encore naissant mais où brillent déjà des éclats de cinéma. Par un dispositif participatif, la réalisatrice s’intéresse au quotidien et aux aspirations de ses petites cousines, adolescentes d’un petit village du désert marocain désormais convoité pour son riche sous-sol. Par ce prix, nous souhaitons remarquer la prometteuse portée, à la fois poétique et politique, de la proposition et encourager la réalisatrice à poursuivre son travail de recherche d’une singularité de la forme.


Coup de cœur Orlando 2023

Dans le cadre de ParisDOC Works-in-Progress.

Al Oeste, en Zapata de David Beltrán i Marí

Plongée dans le quotidien solitaire d’un chasseur de crocodiles, de sa femme et de son fils, ce film dégage une impression saisissante par son obstination à décrire l’affrontement entre l’homme et l’environnement hostile du Sud marécageux de l’île de Cuba. La présence des choses et de la nature y pénètre tout, à chaque instant, et crée une expérience cinématographique exceptionnelle que nous serons ravis d’accompagner en post-production.


Prix du public première fenêtre 2023

Doté par le CNC à hauteur de 2 000 € sous la forme d’un achat de droits.

Quitter Chouchou de Lucie Demange


Prix Clarens du Documentaire Humaniste 2023

Doté par La Fondation Clarens pour l’Humanisme à hauteur de 5 000 €.

Mention spécial : Coconut Head Generation de Alain Kassanda

Parce qu’il rend compte du dynamisme, de l’intelligence d’une jeunesse étudiante nigériane engagée, en résistance mais toujours en pensée.

Prix : El Juicio de Ulises de la Orden

Pour l’importance symbolique de ce procès exemplaire, tenu deux années seulement après la chute de la dictature et au sein de sa propre juridiction, procès qui condamne un État non seulement criminel mais pervers.


Prix des détenus 2023

Doté par la Fondation Monique Desfosse à hauteur de 1 000 €.

Mention spéciale : Un cœur perdu et autres rêves de Beyrouth de Maya Abdul-Malak

Nous avons tenu à décerner une mention spéciale du cœur à un film touchant et déstabilisant à la fois, où la mort s’exprime à travers des voix et la vie dans les images, où l’on ressent le malheur des uns et la façon dont d’autres tentent d’échapper au réel, où le temps figé d’une ville exprime l’histoire d’un pays et donne à cette œuvre un propos politique. 

Habituellement, quand on voit la vie, on oublie la mort ; dans ce film, on voit à la fois la vie et la mort.

Prix : Piblokto de Anastasia Shubina et Timofey Glinin

Pour son regard brut qui n’occulte rien, pour sa façon de nous montrer une vie en communauté simple dans laquelle chacun a un rôle, même les enfants, et qui répond à un besoin primaire, se nourrir pour vivre,

Pour sa façon de s’approcher au plus près des détails, toujours inscrits dans un paysage où la mer semble plus haute qu’ailleurs et où les enfants s’amusent avec des jouets de chair et d’os, 

Pour sa façon de nous montrer des images dures, parfois dérangeantes, mais qui ne choquent pas, des images qui parlent directement aux spectateurs, où l’on sent que les hommes sont des loups, 

Pour sa bande son composée d’un chant hypnotique.


Prix du patrimoine culturel immatériel 2023

Doté par la Direction générale des patrimoines et de l’architecture du ministère de la Culture à hauteur de 2 500 €.

Prix : La Bonga de Sebastián Pinzón Silva et Canela Reyes

User à nouveau d’une liberté fondamentale, celle de refuser la situation et de partir. Plus rarement, la liberté de revenir chez soi. Marcher longuement ensemble, en reprenant l’ancien chemin. Y chercher la force : « Parlez ! » et en chantant. Ici retrouver le lieu ancestral fondé par marronnage, quand les ancêtres se sont désesclavisés pour s’imposer libres face à la colonie. Pleurer en arrivant enfin, car il a fallu il y a 23 ans en repartir de force, et voici que tout est ruiné. Processionner la Vierge et caresser les murs de l’école qui ont tenu bon. Mettre feu à la broussaille et danser dans la cendre. Soulever en dansant la terre brûlée, la faire danser aussi, comme lucioles. Restaurer sa maison à la main avec la terre. Les gestes, individuels et collectifs, reviennent à présent.


Prix des bibliothèques 2023

Doté par la Direction générale des médias et des industries culturelles du ministère de la Culture à hauteur de 2 500 €.

Prix : Adieu Sauvage de Sergio Guataquira Sarmiento 

Nous avons choisi une proposition qui permet de repenser la rencontre avec l’autre, dans laquelle le réalisateur cherche sa place, avec humilité et humour. Et qui par sa démarche de déconstruction des stéréotypes ouvre à la pluralité des manières d’occuper le monde.


Prix des Jeunes – Ciné + 2023

Doté par la chaîne Ciné+ – Achat du film par la chaîne pour un montant de 15 000 €.

Prix : La Base de Vadim Dumesh

Alors que nous nous mobilisions depuis des semaines, au sein de nos universités et écoles occupées, dans la rue et auprès des travailleur.euse.s, l’idée de passer nos journées à regarder des films au Centre Pompidou ne relevait pas d’une évidence. Au terme de cette semaine, si toutes nos questions ne sont pas résolues, nous avons pu entrevoir le rôle essentiel que le cinéma peut jouer dans une telle période. Le film que nous avons choisi de primer nous semble répondre pleinement et habilement à ces enjeux. S’infiltrant dans les entrailles d’une architecture écrasante, le réalisateur a su laisser la place aux anonymes qui font vivre l’aéroport. Composant avec les contraintes propres au lieu et au format, l’intime se mêle au politique, les affects individuels aux luttes sociales de notre époque. Contrastant avec le rythme effréné des passagers, la spectatrice, le spectateur s’installe aux côtés de personnages drôles, attachants et souvent émouvants. Ce film nous a transporté.e.s autant qu’il nous a semblé nécessaire.


Mention spéciale : Jury courts métrages et premiers films

Bac à sable de Lucas Azémar et Charlotte Cherici

Le cinéma a ce pouvoir de nous emmener dans des continents inconnus, lointains. Des endroits que tout le monde ne connaît pas. Les espaces virtuels en font partie. Les voix qui guident ce film racontent quelque chose du monde dans lequel nous vivons. Bien que dissociées des corps qui les portent, elles sont puissantes, drôles, hésitantes. Nous choisissons d’attribuer une mention à un film qui ne se contente pas de décrire un monde (et un jeu) virtuel : il raconte comment on se rencontre, comment on échange, comment on se parle et comment on rêve ensemble aujourd’hui. Nous avons vu ce film comme une arche de Noé contemporaine.


Prix Tënk 2023

Doté par Tënk à hauteur de 500 € augmenté d’un achat de droits de diffusion SVOD sur la plateforme Tënk.

Prix : Cinzas e nuvens de Margaux Dauby

Le cinéma consiste toujours à exercer un point de vue, une vigilance, à porter un regard sur le monde pour autrui. Ici, ce regard est très précis, porté vers un horizon sans limite. Une tour au milieu d’un vaste paysage ; les yeux des femmes qui en ont la charge, souvent vues à travers le verre bombé ; la nature dans ses différentes manifestations, qui semblent presque cueillies dans des lieux distants : ce film n’est pas un exercice de topographie ou de mesure, il démontre plutôt que l’œil n’a pas besoin de structures pour voir.


Prix du court métrage 2023

Doté par la Bibliothèque publique d’information (2 500 €) et décerné à un court métrage de la compétition.

Prix : Last Things de Deborah Stratman

La concision est une vertu rarement exercée ainsi. La richesse des références académiques, scientifiques et littéraires qui composent ce film suffirait à en nourrir plusieurs, mais celui-ci slalome entre elles et les fait ruisseler de concert avec une confiance douce et discrète dans sa propre logique collectionneuse. L’affect et la sensualité peuvent être canalisés par l’esprit et résonner d’autant plus fort lorsque c’est le cas. Le sol sous nos pieds n’est alors plus aussi stable, mais il nous restera toujours la stabilité des roches – quoique, comme nous l’enseigne ce film, elles aussi se déplacent, évoluent, s’étendent, s’éteignent ; avons-nous jamais ressenti ce que peut être la perspective d’une pierre ?


Prix Loridan-Ivens – Cnap 2023

Doté par Capi films à hauteur de 2 500 € et le Cnap à hauteur de 4 000 €.

Mention spéciale : Up the River with Acid de Harald Hutter

La vie suit son cours habituel jusqu’au jour où ce n’est plus le cas. Comment saisir ce moment dont la durée précise est inconnue et dont nous savons seulement qu’il aura une fin ? Avec patience, avec proximité, avec de la musique mais aussi en silence, avec les nombreux outils du cinéma, dont celui de la pellicule elle-même ; nous laissons tous une empreinte. Il est d’autant plus impressionnant de filmer tout cela lorsque cela concerne l’une des personnes les plus proches de soi, de filmer un processus si inexorable, si inévitable pour finalement en dégager le calme, l’amour et la vie.

Prix : La Bonga de Sebastián Pinzón Silva et Canela Reyes

Le cinéma documentaire, c’est tellement de choses à la fois : une position, une politique, une image, une structure, une relation qui se déplace et bouge selon les besoins. Trouver un film qui porte toutes ces qualités à la fois est inhabituel ; lorsqu’il s’agit d’un premier long métrage, c’est exceptionnel. L’exploration corporelle d’une histoire oblitérée, deux voyages imbriqués à des époques différentes combinés avec une magnifique simplicité, un monument à l’histoire et à la tradition afro-colombienne fondé sur la bienveillance, la fluidité et l’espoir.


Prix de la Sacem 2023

Doté par la SACEM à hauteur de 1 000 €.

Prix : Musique originale de Ciompi de Agnès Perrais, composée par Glenn Marzin

Parmi les 20 longs métrages en compétition, huit films ont une bande originale, et nous avons été unanimement marqués par l’une d’entre elles. Il s’agit de celle d’un film historique qui couvre plusieurs époques dont la musique a joué un rôle particulièrement fort. Nous avons été marqués par la pertinence, l’originalité de sa proposition et la force de sa teneur compte tenu des enjeux du film. Des synthétiseurs analogiques qui se posent étrangement le long de l’Arno ressemblent à des lentes cloches et instaurent un étrange rapport au temps. Impossible à dater, des éléments semés tout au long du film ont fini par éclore en un thème musical remarquable : une invraisemblable et belle masse sonore, vivante et étrange. Cette bande originale a laissé une forte impression sur nous tous.


Prix de l’Institut français – Louis Marcorelles 2023

Doté par L’Institut français à hauteur de 5 000 €.

Prix : Ana Rosa de Catalina Villar

Nous avons aimé la maîtrise de l’écriture, la précision d’une réalisation qui emporte la romance familiale sur la grande scène du monde. Nous avons aimé l’humilité, l’élégance. Ce film nous rappelle qu’à une époque pas si lointaine, une femme qui manifestait trop de signes de révolte voire de mauvaise humeur à l’égard de sa condition de « femme-modèle » s’exposait à un traitement barbare et irréversible, une violence ordinaire et institutionnelle. Viol du cerveau, viol des consciences. Viol. Nous avons été impressionnés par sa puissance.


Prix international de la Scam 2023

Doté par la Scam à hauteur de 5 000 €.

Prix : Being in a Place: A Portrait of Margaret Tait de Luke Fowler

Notre jury a décidé de distinguer un film qui nous a bouleversés par sa force évocatrice qui fait ressurgir du passé une puissance créatrice majeure à qui cet hommage donne toute sa mesure. C’est la puissance créatrice d’une cinéaste mise en lumière par un cinéaste, qui dialoguent par-delà le temps. Leurs regards se mêlent au passé et au présent pour nous montrer combien le cinéma est immortel.


Mention spéciale Jury longs métrages : Allensworth de James Benning

Pour le Temps qu’il nous invite à éprouver, rare, précieux. Pour son attention, la nôtre qu’il attire sur un territoire désolé, un pan d’Histoire oublié, une tragédie que l’on devine, tout comme des idéaux sacrifiés… Pour l’espace-temps qu’il creuse, au fil des mois de sa structure, les fantômes, les traces, les sons et les textes qu’il convoque dans le réel qui subsiste péniblement. Des éléments qui participent à dessiner un héritage, qui viendrait faire écho à notre présent pour mieux l’éclairer. Un espace-temps pour ne jamais oublier d’interroger ce qui a été.


Grand Prix Cinéma du réel 2023

Doté par la Bibliothèque publique d’information à hauteur de 5 000 € et la Procirep à hauteur de 3 000 €.

Prix : Coconut Head Generation d’Alain Kassanda & Up the River with Acid de Harald Hutter

Le Grand Prix Cinéma du réel est attribué ex-aequo à deux films qui dans leur différence et leur complémentarité témoignent de la pluralité de la programmation et de l’écriture cinématographique du réel.

L’un qui nous rappelle la puissance du cinéma comme vecteur et acteur de changement social, comme site de résistance et comme lieu de communauté. Un film qui pose le cinéma comme un acte de rencontre mais qui propose aussi le portrait d’une génération qui tranche avec le passé pour réclamer son émancipation avec intelligence et passion. Il s’agit aussi d’une invitation à la participation citoyenne qui nous semble particulièrement pertinente aujourd’hui, d’autant plus dans le cadre d’un festival de cinéma.

L’autre, pour la tendresse, la délicatesse du chemin que le film se fraye dans un huis clos familial, abyssal, face à la maladie qui affecte l’un d’entre eux. Pour la densité de son rapport au temps, ses silences dans lesquels résonnent l’immensité de l’isolement, les rituels qu’il se propose d’observer, ses petits gestes du quotidien qui deviennent si grands, si vaillants… Pour la qualité de sa bande son qui nous mène à toujours être au plus près du personnage, à son rythme, jusque dans ses petites percussions qui viennent ponctuer aussi bien le chaos et que la douceur d’un quotidien millimétré. Dans un dispositif très précis, lui aussi millimétré, qui pourrait contenir toutes les émotions, le film avance et travaille justement à les libérer, à nous les délivrer. C’est le film d’un fils à son père, avec la complicité de sa mère, laquelle nous décrit dans une magnifique séquence « où le voyage à commencé » pour eux deux et qui vient donner son titre au film.