Doté par la Bibliothèque publique d’information à hauteur de 5 000 € et la Procirep à hauteur de 3 000 €.
Direct Action de Guillaume Cailleau et Ben Russell
Laudatum du jury : Nous souhaitons décerner le Grand Prix Cinéma du réel 2024 à un film dont la rigueur et l’ampleur cinématographiques sont proportionnelles à sa durée. Ce film esquive les conventionnalismes militantistes pour nous plonger dans une temporalité propre, où chaque détail, chaque geste, contribue à la fondation d’un univers, d’un autre monde possible. Nous avons été touchés par les multiples résonances tissées au sein de sa structure monumentale, où forme et contenu s’harmonisent, où l’intime se révèle éminemment politique.
Doté par l’association Les Amis du Cinéma du réel à hauteur de 5 000 €.
Prix : Silence of Reason de Kumjana Novakova
Laudatum du jury : Jacques Rivette disait que le rôle d’une oeuvre d’art est de mettre les gens dans un état d’horreur et ce film fait exactement cela, en organisant dans un dispositif – parfois imparfait – les témoignages de femmes bosniaques violées par les militaires serbes pendant les guerres de Yougoslavie. Dans un moment où le nationalisme serbe monte (comme aussi dans d’autres parties de l’Europe de l’Est et du monde), dans un moment où l’invasion russe en Ukraine fait de plus en plus des victimes (fuck Poutine et tous ceux qui le soutiennent !), ce film est plus important que jamais.
Mention spéciale : tú me abrasas de Matías Piñeiro
Doté par le Centre national des arts plastiques à hauteur de 5 000 €.
Prix : Les Mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio
Laudatum du jury : Le film que nous avons souhaité récompenser est un film qui fait de l’impossible reconstitution d’un matériau filmique muet une occasion d’étudier les divisions et la fraternité dans le contexte du militantisme pour l’indépendance de l’Algérie au début des années 1960. Dans ce groupe de militantes et de poseuses de bombes, chacune est marquée à perpétuité par leurs contradictions, leurs engagements. Si ces images semblent limitées en dehors du contexte historique, elles deviennent éloquentes, puissantes lorsqu’elles sont projetées. Une enquête sensible s’engage alors pour en retrouver le son perdu, pour redonner de la voix à toutes ces femmes en lutte. Et même avec leur part de latence et de silence, elles demeurent encore suffisamment fortes pour que leurs destins et leurs voix traversent l’écran et parviennent à ceux qui ont survécu et résonnent encore sur le public 60 ans plus tard.
Mention spéciale : Voyage à Gaza de Piero Usberti
Doté par la Sacem à hauteur de 1 000 € et décerné au compositeur ou à la compositrice de la musique originale d’un long métrage.
La Laguna del Soldado de Pablo Álvarez-Mesa
Laudatum du jury : La musique originale et plus largement la bande son de ce film s’entend comme une démarche globale d’approcher le paysage. En rupture, avec les parties de percussions, ou au contraire en symbiose avec des matières minérales, animales ou liquides, nous tentons de voir avec nos oreilles. Le spectateur contemple, en plein jour, plongé dans le brouillard ou dans la nuit. Comme les chauves-souris du film, nous cherchons avec des signaux musicaux à cartographier l’environnement, à la manière d’un radar. Nous sommes plongés dans des structures musicales qui se frottent, s’entrechoquent ou qui épousent le film pour créer un tout indissociable.
Doté par Capi films à hauteur de 3 500 €.
The Roller, the Life, the Fight d’Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi
Laudatum du jury : Un film au thème sociopolitique particulièrement actuel et urgent, mais qui évite les stéréotypes misérabilistes, émouvant, qui dépeint la lutte, le désespoir, la frustration, mais aussi le courage, l’espoir, le désir et l’amour. Le tout filmé de manière intime, authentique, très inventive aussi, avec une fin d’une grande tendresse. En ce moment de gravité aiguë en Palestine, nous avons également été touchés par un film qui s’ouvre sur le départ forcé d’un jeune Palestinien pour un périple difficile vers l’Europe.
Doté par la Bibliothèque publique d’information à hauteur de 2 500 €.
Prix : The Periphery Of The Base de Zhou Tao
Laudatum du jury : Ce film nous a touchés par sa façon d’utiliser la distance et l’aliénation pour dépeindre une communauté provisoire d’ouvriers habitant les franges dystopiques d’un projet d’infrastructure qu’on ne verra jamais. La caméra flottante glisse lentement dans l’espace ou dérape, se posant sur des figures humaines rendues minuscules par un paysage de poussière rocheuse dont la valeur a été redéfinie par l’industrie, l’armée et l’effacement. Cette chorégraphie habilement vagabonde révèle un intérêt profond pour un lieu marqué par le choc entre le « progrès » et la culture qu’il déplace et efface.
Mention spéciale : Light, Noise, Smoke and Light, Noise, Smoke de Tomonari Nishikawa
Laudatum du jury : Nous tenions à accorder une mention spéciale à ce petit bijou de précision qui, même dans sa brièveté, fait preuve d’une confiance absolue dans la matérialité pour créer une expérience cinématographique abstraite surprenante, belle et émouvante.
Doté par Tënk à hauteur de 500 € augmenté d’un achat de droits de diffusion SVOD sur la plateforme Tënk.
Longtemps, ce regard de Pierre Tonachella
Laudatum du jury : Pour la manière qu’il a de donner à voir une France rurale et périphérique peu valorisée au sein de laquelle une jeunesse vit et s’épanouit; pour son montage qui va sans relâche, son sens du cadre et de la durée des plans, ainsi que sa structure entremêlant lectures de textes théoriques et scènes de la vie quotidiennes. Pour sa capacité à filmer avec acuité les relations et interactions parfois mystérieuses de cette bande de garçons qui dessine une masculinité sociale performative et construite, tout en faisant émerger dans le même temps des singularités et des personnages forts.
Doté par la chaîne Ciné+ – Achat du film par la chaîne pour un montant de 15 000 €.
Prix : Sauve qui peut d’Alexe Poukine
Laudatum du jury : Pour son regard attentif, minutieux et bienveillant ; pour sa représentation du réel par le jeu, du jeu du réel ; pour son choix d’un sujet qui puise dans l’intérêt profond de la mise en scène des corps et des dialogues, mise en scène qui révèle et dénoue des situations difficiles ; pour ce portrait poignant de l’apprentissage des rôles, du soin ; pour sa mise en image puissante du devenir-soignant et devenir-soigné.
Mention spéciale : Les Mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio
Laudatum du jury : Pour la justesse troublante avec laquelle il parvient à tresser ensemble les fils fragiles d’une histoire perdue, à redonner voix et corps à des récits et des luttes encore brûlants mais pourtant si peu visibles; pour l’honnêteté, l’humilité avec laquelle le film laisse les silences, les oublis, les refus raconter leur propre histoire.
Doté par la Direction générale des médias et des industries culturelles du ministère de la Culture à hauteur de 2 500 €.
Prix : Resonance Spiral de Filipa César & Marinho De Pina
Laudatum du jury : Pour sa poésie, sa délicatesse, son humilité. Pour la magie de ce lieu où convergent luttes et transmissions, pour la résonance avec notre métier et nos idéaux, pour sa vibration positive qui nous transforme et nous élève, ici et là-bas.
Mention spéciale : Sauve qui peut d’Alexe Poukine
Doté par la Direction générale des patrimoines et de l’architecture du ministère de la Culture à hauteur de 2 500 €.
Sous les feuilles de Florence Lazar
Laudatum du jury : Ce pourrait être un conte où un cyclone donne à voir le passé par son œil. Un cyclope de vent dont la houle rappelle nos aïeux. Mais c’est réel.
Il faut croire qu’il était temps, en 2007, quand le cyclone Dean mit à jour à l’Anse Bellay (Martinique) des personnes enterrées au XVIIIe siècle après une vie d’esclaves. Des fouilles archéologiques ont permis d’identifier aussi des sépultures amérindiennes du XIIe siècle et du Ve siècle.
Du « mobilier archéologique appartenant à l’Etat français » ?
Ou plutôt des ancêtres ?
2019 : suite à la mobilisation du Kollektif Anse Bellay, ces restes humains transférés pour étude dans l’Hexagone reviennent sur le sol martiniquais. Cette dérogation n’en sera bientôt plus une avec l’évolution législative en cours.
2023 : les corps sont inhumés une seconde fois, 300 ans plus tard, dans une woch lista, une roche de l’histoire. Dinité, Lonnè, Respé pou yo.
La caméra attentive et positive de Florence Lazar donne à voir des vivants d’aujourd’hui qui se rappellent, se questionnent, se recueillent, tirent force de leurs morts. Se redonnent un patrimoine vivant, par connaissances des plantes qui soignent. Mancenillier, campèche, amandier… Nou pran tan kouté pié bwa, « Prenons le temps d’écouter les arbres ». Nous restons sous les feuilles.
Doté par la Fondation Monique Desfosse à hauteur de 1 000 €.
Camarades d’Ulysse Sorabella
Laudatum du jury : Nous avons décidé de remettre notre prix à un film qui semble fait maison.
Sa sincérité et sa sensibilité traversent le chaos du quotidien, expriment la vie avec ses hauts et ses bas. Le foutoir matériel est à l’image de la vie intérieure des personnages.
Nous avons aimé le contraste entre une caméra par moments brouillonne et des plans plus stabilisés, comme des fenêtres de lucidité qui s’ouvrent dans la confusion du quotidien. La musique et le traitement du son participent à cette scansion entre la tension et son exutoire.
Nous avons aussi ressenti la très grande sensibilité de ce film qui parle peut-être avant tout, avec pudeur, de la relation entre deux amis.
Ce film a résonné pour nous d’une façon particulière, nous avons perçu un parallèle avec notre propre situation de détenus. Bien sûr comparaison n’est pas raison, mais tout a fait écho : la grille d’entrée, la présence de la police, la cour et son banc de muscu, la petite chambre universitaire comme une cellule, la soutenance d’Hadrien devant un jury qui rappelle un détenu face à un juge, et même le bâtiment C !
Doté par La Fondation Clarens pour l’Humanisme à hauteur de 5 000 €.
The Roller, the Life, the Fight d’Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi
Laudatum du jury : Pour la pudeur et la justesse du geste cinématographique, pour une caméra qui devient un appui et renforce le lien entre deux êtres, afin de traverser une épreuve de la vie, pour la richesse de ce double regard sur un parcours de réfugié.
Doté par le CNC à hauteur de 2 000 € sous la forme d’un achat de droits.
Fatmé de Diala Al Hindaoui
Le Studio Orlando offre un soutien à la post-production (mixage ou étalonnage) à un film de la sélection ParisDOC Works-in-Progress.
Green line – L’enfant-chat de Sylvie Ballyot
Laudatum du jury : Le festival résonne aujourd’hui encore plus avec l’actualité. Il nous interroge sur notre rapport au réel, à la mémoire, à la noirceur de notre civilisation. Les écrans sont les miroirs de notre société, et le festival, à travers sa sélection et le regard des cinéastes, nous permet d’entrevoir un peu de lumière. J’aimerais avoir une pensée particulière pour Laurent Achard, cinéaste unique et hors norme, qui nous a quittés cette semaine, et dont certains films ont été diffusés ici.
Une fois de plus cette année, la sélection des films proposés était de grande qualité. J’en remercie Catherine, son équipe, ainsi que les différents réalisateurs et réalisatrices. Voir des films en cours de réalisation est une grande marque de confiance.
Le coup de cœur du studio Orlando s’est porté cette année sur un film qui interroge la mémoire, la trace, leurs interprétations et les résonances que le passé laisse sur nos vies présentes. Il donne la parole à différents protagonistes et interroge leurs points de vue et visions des événements.
Pour atteindre ses fins, le film emprunte plusieurs chemins, mêlant un travail formellement classique à un dispositif plus onirique. Il en résulte une véritable force et une grande envie de cinéma…
Doté par le CNC à hauteur de 2 000 €. Le CNC ayant accepté de doubler sa dotation, le Prix Route One/DOC est attribué à deux projets :
Fantômes de Rita Renoir de Paul Bacharach
Rêvations numéricales de Sylvain Arrivé
Laudatum du jury : Pour le foisonnement romanesque des vies autour d’une obsession.
Le portrait d’une femme libre des années 70. Une femme solitaire qui a provoqué l’obsession d’hommes et de femmes habités par elle.
Le fantôme de Rita revient hanter le réalisateur et nous hanter, à notre tour.
Pour le croisement du numérique, de la pataphysique et de la psychanalyse. Que va-t-il rester de nous, quelles seront demain nos traces numériques ? Les rêves – et les écritures – enfouis dans un ordinateur permettront-ils au réalisateur de rencontrer son grand-père ?
Une rencontre par-delà la mort dans l’espace numérique.
Site 2 de Rithy Panh
Laudatum du jury : Le jury a décidé d’attribuer le prix de la restauration à un premier documentaire sensible et poétique. On décèle dans cette première œuvre une vision qui se prolongera dans la suite de ces films. Un regard contemplatif et engagé sur des peuples marginaux, en exil, avec une volonté de créer un rapport complice et de mettre en lumière leurs combats, leurs visions de la vie et leurs espoirs au milieu du chaos.